LA VIE DES OISEAUX

 

Ainsi, avant tout, l'étude d'un phénomène en pleine évolution.

Ubiquité de la classe avienne

Les Oiseaux sont répartis sur la quasi‑totalité du globe. La grande majorité d'entre eux est bien entendu distribuée à travers les terres émergées, mais les océans n'en sont pas privés pour autant, Pétrels et Albatros étant en effet pélagiques pendant une partie de leur cycle annuel. Les Oiseaux sont de tous les Vertébrés ceux qui remontent le plus loin vers le nord: on a signalé à environ 240 kilomètres du pôle Nord, par 88degde latitude nord, des Mouettes et même des Passereaux comme le Bruant des neiges .

 

On a déjà rencontré des Pétrels géants à 80 kilomètres du pôle Sud, au cours de sa traversée du continent antarctique. Les Oiseaux sont ainsi présents d'un pôle à l'autre, avec, bien entendu, des densités très variables selon les latitudes.

Ils ont également une grande répartition altitudinale. Ils nichent jusque vers 5000 m d'altitude dans les Andes, pratiquement à la limite de la végétation et des neiges éternelles, et montent même plus haut au cours de leurs vols migratoires:

Des Oies ont été observées se déplaçant à plus de 9000 m; des Canards et des Échassiers survolent les chaînes de l'Himalaya.

 

La vaste répartition de la classe prise dans son ensemble est en rapport avec ses facultés d'adaptation et ses caractéristiques propres, les Oiseaux étant bien plus avantagés que les autres Vertébrés terrestres.

Les Batraciens et les Reptiles sont arrêtés par le froid, qui les empêche de sortir des zones chaudes ou tempérées.

LES MIGRATIONS

Les Mammifères sont limités par leur locomotion terrestre et par le fait que, ne pouvant se déplacer d'une manière. économique et rapide, ils ne peuvent, sauf exceptions, coloniser des pays inhabitables une partie de l'année; les Oiseaux, grâce à des migrations aériennes aisées, peuvent au contraire échapper à ces contingences et exploiter des ressources alimentaires fugaces.

 

Si les Oiseaux, pris dans leur ensemble, ont une répartition ubiquiste, il en est de même de quelques groupes beaucoup plus restreints. C'est le cas de certains Limicoles (Charadrius), Canards (Anas), Hérons (Nycticorax) et Pigeons (Colombe). Les Mouettes du genre Larus se trouvent le long des côtes du monde entier, sur une bonne partie des eaux douces à l'intérieur des continents, et même sur les lacs de grande altitude du Tibet et des Andes, jusqu'aux environs de 5000 m. Cette répartition ubiquiste se remarque parfoismême au sein de l'espèce, par exemple le Balbuzard Pandion haliaetus, la Chouette effraie Tyto alba et le Tourne‑pierres Arenaria interpres, Limicole rencontré partout à travers le monde comme nicheur ou comme hivernant.

 

Les Oiseaux ubiquistes sont cependant peu nombreux, même parmi les groupes à vaste répartition (très peu de Passereaux le sont). A l'opposé de ces Oiseaux appartenant généralement à des ordres et à des familles relativement primitifs et d'évolution ancienne, très adaptatifs ou inféodés à un milieu largement répandu à travers le globe, figurent des types beaucoup plus étroitement localisés. Beaucoup de familles sont propres à un continent ou même à une partie de celui‑ci. C'est le cas des Pipridae, Cotingidae, Dendrocolaptidae, Furnariidae et Trochilidae, d'Australie et d'Amérique tropicale, et des Musophagidae d'Afrique.

 

 

. Ces endémismes, que l'on observe fréquemment dans les îles, où ils s'expliquent par suite de l'isolement, se rencontrent parfois même dans les grandes masses continentales. Les cas les plus étonnants sont ceux de la Fauvette de Kirtland Dendroica kirtlandi, qui ne niche que dans une faible partie du nord du Michigan.

 

 

le pinson   autorisation de Alain Fossé, LPO Anjou, Montreuil-Juigné, France  - http://www.digimages.info/>

Les espèces montagnardes sont souvent propres à un massif (comme par exemple certains Oiseaux andins, Trochilidae en particulier), parfois à une vallée.

 

LA VIE DES OISEAUX

méthodes d'investigation conditionnent sans doute cette distribution. La compétition avec une autre espèce ne permet d'expliquer qu'un nombre limité de cas; elle doit être elle même liée à des facteurs écologiques, une espèce dominant l'autre dans un milieu donné et réciproquement.

 

 

2° Evolution de l'aire géographique au cours de l'histoire géologique

Faute de témoignages paléontologiques suffisants et du fait de l'ancienneté de l'histoire des Oiseaux et de leur évolution dès le début du Tertiaire, il est impossible de reconstituer avec précision l'historique de leur distribution à travers le monde.

De plus, comme pour les autres animaux. il y eut sans aucun doute des fluctuations considérables et des remplacements de faunes entières par d'autres très différentes. Ce phénomène est intervenu beaucoup plus rapidement que dans le cas des Mammifères, en raison de la vitesse d'évolution des Oiseaux au cours du Tertiaire.

 

 Malheureusement, aucun témoignage de ces remplacements faunistiques, si visibles chez les Mammifères (par exemple Marsupiaux et Placentaires, faunes successives de l'Amérique du Sud) n'a été conservé.

Certains groupes aviens ont eu jadis une bien plus vaste répartition qu'à l'époque actuelle.

 

 Ces répartitions passées. suivies de disparition totale dans une partie de l'aire primitive, s'expliquent en fonction des fluctuations climatiques. Il est probable que certains Oiseaux comme les Perroquets et ont toujours été inféodés à un type d'habitat et, partant, à un climat très particulier, du fait de leurs exigences écologiques, notamment de leur régime alimentaire.

 

D'autres Oiseaux, au contraire, semblent avoir évolué au cours de toute leur histoire en des lieux bien définis dont ils ne se sont pas évadés. C'est le cas des Oiseaux aptères de Nouvelle‑Zélande et de Madagascar, dont on n'a retrouvé aucune trace ailleurs, même pas dans l'histoire géologique la plus reculée. II en est de même des Manchots, dont la répartition fut toujours strictement australe.

 

 

Les Oiseaux se seraient répandus vers le sud lors d'émigrations probablement rapides, envahissant les masses continentales australes. Afrique, Amérique du Sud et Australie, ainsi que les îles du Pacifique. Un simple coup d'oeil sur une mappemonde montre que l'hémisphère Nord comprend autour du pôle  des masses terrestres homogènes.

 

 Au contraire, l'hémi sphère Sud est moins riche en terres émergées, toutes largement  disjointes et séparées par des océans d'étendue considérable.  Cela explique la relative homogénéité des faunes boréales,  d'autant plus que les climats sont uniformément répartis  suivant des zones successives tout autour du pôle, alors que  les faunes australes sont au contraire très différentes d'un  continent à un autre.

  Ces régions « excentriques » sont devenues elles‑mêmes  les centres de différenciation d'une avifaune hautement spécialisée. C'est avant tout le cas de l'Amérique du Sud, où le  nombre de types d'Oiseaux différenciés dans ce continent  est remarquablement élevé, mais aussi de la Nouvelle‑Gui née, de l'Australie et de la Nouvelle‑Zélande.

 

Au contraire, l'émigration en retour est beaucoup plus nette dans le Nouveau‑Monde. L'avifaune d'Amérique du Nord comprend une bonne proportion d'éléments néotropicaux en provenance d'Amérique du Sud: Tangaras, Oiseaux‑mouches, Icteridae ne sont que les plus visibles de ces Oiseaux d'allure tropicale installés dans un pays tempéré.

 

L'avifaune tropicale de l'Ancien‑Monde n'a guère envahi l'Europe, à l'exception de quelques éléments très peu nombreux (Rollier, Guêpier, Loriot et peut‑être les Martinets).

 

Des circonstances géographiques et des différences profondes dans la structure des continents expliquent ces faits. L'Europe tempérée est séparée de l'Afrique tropicale par une étendue marine, la Méditerranée, et par un désert peu propice à l'extension des espèces, le Sahara.

 Plus à l'est, l'Asie est séparée en deux par une barrière de déserts s'étendant du Proche Orient à la Mongolie, et par des chaînes de montagnes puissantes et élevées. De ce fait, les faunes tropicales et les faunes tempérées ou froides sont très nettement séparées pat des barrières géographiques et écologiques très étendues.

  

  a  suivre

 extraits du livre " la distribution des oiseaux et sur le vol des oiseaux  "  BIBLIoTHèQUE DE sAINT quentin

 

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