le retour de l'outarde
Pesant entre 600 grammes et 1 kg, l’outarde canepetière est un
oiseau facilement identifiable grâce à son plumage brun marron qui
contraste avec la blancheur de son ventre. Réputée pour ses parades
nuptiales théâtrales, l’espèce doit son nom au chant du mâle qui émet un
court « prret » à l’approche des amours. Actuellement, la France recense
environ 3000 individus, incluant tant les populations sédentaires
établies sur le pourtour méditerranéen que les populations migratoires
réparties dans les plaines du Centre Ouest du territoire. Un chiffre
dérisoire au regard des 7200 oiseaux qu’abritait la France en 1980.
Adepte des plaines céréalières, l’outarde peine en effet depuis quelques
années à faire face à la modification du paysage agricole. La
disparition des cultures en mosaïque, sacrifiées aux besoins de
l’exploitation intensive, la prive de lieu de nidification. Etant donné
que les nids consistent en une cuvette aménagée au sol, les accidents
liés aux travaux agricoles sont fréquents. La pression exercée par
l’agriculture est encore renforcée par une urbanisation croissante,
restreignant encore les aires d’accueil propices à la reproduction de
l’outarde.
Face à l’accélération de son déclin dans les années 1980, l’outarde a
été classée espèce protégée. Par la suite, un plan de conservation a été
mis en place dès les années 1990. A travers des contrats , l’achat
de terrains, il a permis de mobiliser 194 000 ha de zones de protection
de l’outarde. La première version du programme européen LIFE Nature
(1997- 2001) (1) a joué un rôle important dans le ralentissement du
déclin de l’outarde via la restauration de plus de 500 ha de prairies et
luzernières en plaine du Poitou-Charentes et l’acquisition de 50 ha de
terrains dans l’Indre, la Vienne et le Maine-et-Loire, ce dernier
concentrant un noyau important de populations migratoires.
Engagée depuis 2004, la deuxième version de LIFE Nature (2004- 2009) se
veut aussi prometteuse. Concentrant ses efforts sur les populations
d’outardes migratrices des plaines céréalières, elle soutient
l’ouverture de centres destinés à assurer le renouvellement de l’espèce
et à la préserver de l’extinction. Ainsi, le 10 juin prochain, la
Secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet,
fera l’inauguration d’un centre d’élevage reproducteur à la réserve
animalière de la Haute-Touche à Azay-le-ferron (Indre), établissement
rattaché au Muséum national d’Histoire Naturelle. Il fait écho au centre
d’élevage de poussins installé à Sainte Blandine dans le département des
Deux-Sèvres et placé sous la gestion de la LPO (Ligue de Protection des
Oiseaux).
En accueillant des oiseaux reproducteurs issus du centre de Sainte
Blandine, le nouvel établissement assistera la reproduction de l’espèce
à l’intérieur de ses murs, en procédant soit par insémination
artificielle, soit par couples composés dans les volières. A l’heure
actuelle, 16 volières de grande dimension et 8 individuelles ont déjà
été construites, auxquelles devraient s'ajouter 8 grandes volières
supplémentaires d’ici l’automne prochain. A terme, cela devrait
représenter une capacité totale d’accueil de 60 oiseaux reproducteurs.
Si l’ouverture de ce site de conservation est un grand pas pour la
préservation de l’outarde canepetière, l’objectif final reste la
réintroduction en milieu naturel. Celle-ci ne sera réalisable que si des
mesures agro-environnementales effectives sont mises en place, à l’image
d’un système de compensation financière pour les agriculteurs pratiquant
une exploitation respectueuse de l’espèce (retard du broyage des
jachères pour faciliter la ponte…).
Cécile Cassier
1- Le programme européen LIFE est géré par la Commission européenne.
Dans le cadre des volets « Nature » et « Environnement », il est relayé
à l’échelle nationale par le Ministère de l’Ecologie
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