LA VIE DES OISEAUX

Aperçu historique de la protection des Oiseaux

 

Nous avons vu que, même du point de vue pratique, la protection des Oiseaux ne peut désormais être envisagée que dans un cadre beaucoup plus vaste, faute de quoi elle est stérile. Toutefois, il serait ridicule de nier les efforts de nos prédécesseurs en vue d'assurer la tranquillité de ces animaux, c'est pourquoi un bref rappel de leur action semble nécessaire. A l'époque des Pharaons, les Égyptiens protégeaient certaines espèces, qu'ils avaient érigées au rang de divinités: l'Ibis sacré était adoré, car il symbolisait la fécondité des terres; en effet, il revenait à l'époque des crues du Nil. De même le dieu Horus était représenté avec une tête de Faucon et parfois même avec le corps de ce Rapace (comme au temple d'Edfou). Il semble qu'une des premières lois relatives à la protection des Oiseaux ait été celle édictée en Inde au Ille siècle avant l'ère chrétienne: elle intervenait en faveur des Oies, Martins tristes et des Perroquets.

 

Plus tard, des règlements furent établis dans différents pays pour limiter le droit de chasse, protéger les Rapaces utilisés par les princes en fauconnerie (Faucon pèlerin, Gerfaut, Autour).

 

 Mais sur le plan international c'est seulement au début du XXe siècle qu'un accord (encore en vigueur dans notre pays) a été signé à Paris en 1902.

 

C'est la convention sur la protection des Oiseaux u utiles à l'agriculture »,ratifiée par onze gouvernements. Toutefois, comme on l'a vu précédemment, cette convention établissait une distinction arbitraire entre espèces «utiles » et < nuisibles », et malgré son bien‑fondé elle a déformé les idées de trop nombreuses personnes, qui ont elles aussi réparti les Oiseaux entre ces deux catégories qu'elles croyaient bien établies.

 

Une nouvelle convention, proposée à Paris en 1950, n'a été signée que par quelques pays européens au nombre desquels la France.

 

 

Les limites de la protection est  souhaitable

 Il faut veiller à ce que certaines espèces ne deviennent point envahissantes au point d'évincer celle qui sont plus faibles ou qui se défendent m: contre l'agressivité de leurs concurrents. Ce! ne signifie pas du tout qu'il faille supprimer le prédateurs (Rapaces diurnes et nocturnes), ce qui serait la pire des erreurs, car leur présence est rigoureusement indispensable

 

. Le problème, concret

Une prolifération exagérée du Goéland argenté  va entraîné une diminution des effectifs de Sternes. En effet, le Goéland, pillait les nids des Sternes, prenant leur place et aurait fini par les évincer totale ment si on n'y avait mis bon ordre

. En France  le même cas se pose dans la réserve de Camargue, où ce Goéland tend également à supplante d'autres Oiseaux; dans les deux cas, il a fallait procéder à la destruction d'un nombre de Goélands pour prévenir les effets désastre: de leur surpopulation.

Une autre espèce pose une question peu différente mais du même ordre,: c'est la Mouette rieuse qui envahit la Camargue

Ces exemples montrent à quel point  l'étude des moeurs des Oiseaux est indispensable non seulement dans le cadre des réserves  mais en dehors également, dès que l'on va entreprendre une action sur leurs effectifs quelque  sens que ce soit.

A la lumière de ce qui a été exposé précédemment, il est incontestable que l'ami des Oiseaux et de la nature (l'un ne peut aller sans l'autre) :erg paralysé s'il reste complètement isolé. Il n'aura d'influence réelle, à l'échelon national, que s'il s'associe aux efforts d'un groupement tel que la Société nationale de protection de la nature (57, rue Cuvier à Paris Se) et, sur le plan local, à l'un des groupements qui se sont constitués récemment ou il y a déjà longtemps dans a plupart des provinces françaises (voir la liste la fin de ce texte).

 

Toutefois, dans son entourage il semble qu'une personne seule puisse avoir de vastes possibilités d'action. En effet, !'information et l'éducation du public sont à la portée de tous, même s'ils agissent d'une façon modeste, qui est parfois la plus efficace. I1 est p presque toujours possible d'expliquer le rôle exact des Oiseaux en se servant de termes simples et en usant, bien entendu, de psychologie et de tact.

 

 II ne s'agit pas de proclamer des slogans mais de faire prendre conscience à l'entourage ouvert (ou non) à ces questions Je l'importance de la protection et de ses rainons d'être. On peut encore oeuvrer utilement en stigmatisant, avec la courtoisie nécessaire, toutefois, les excès des mauvais chasseurs, qui ,ont encore montés en épingle par quelques journaux régionaux.

 

 Cette façon d'agir est efficiente, car un petit article est lu par des milliers de personnes et sa portée devient finalement considérable. En revanche, les protestations contre les modifications importantes du milieu naturel sont trop souvent inopérantes, car elles viennent trop tard; de nombreux exemples en France et à l'étranger l'ont montré récemment encore. Il semble en effet que les gouvernements ne soient pas encore suffisamment conscients de l'importance de la nature dans la vie de nos contemporains et que la question de la protection de celle‑ci soit encore secondaire.

L'idéal serait la mise au point d'une législation très précise et aussi simple que possible sur la protection de la nature, mais ce genre de texte fait encore défaut en France. Il en est de même des lois relatives à la protection des Oiseaux. Leur connaissance est évidemment indispensable à tout ami de la gent ailée, aussi nous y attarderons‑nous davantage.

En France, la législation relative à la protection des Oiseaux a pour fondement le décret du 12 décembre 190, qui a mis en vigueur la Convention internationale de 1902 pour la protection des Oiseaux utiles à l'agriculture et divers articles du Code rural sur la police de la chasse.

 

Des modifications ont été apportées au décret de 1905 en 1962, 1964 et 1968. Le principe général est que les Oiseaux énumérés par la convention sont protégés en tout temps et en tout lieu. Il est interdit de les tuer de quelque façon que ce soit, de détruire leurs nids et de prendre leurs neufs.

 

 Toutefois, une exception a été admise pour les nids construits « dans ou contre les maisons d'habitation ou les bâtiments en général et dans l'intérieur des cours ». Cela signifie que l'on peut enlever les nids de Moineaux qui obstruent souvent les gouttières ou les cheminées, ainsi que les nids de Choucas qui dans certaines agglomérations sont également installés dans la partie supérieure des conduits de fumée. Enfin, il est stipulé que la capture des Oiseaux protégés est strictement interdite quel que soit le moyen utilisé (filets, pièges, stupéfiants).

 

Dans l'état actuel de la législation, les espèces suivantes sont protégées partout (cependant, il subsiste des tolérances dans certains départements du Midi, tolérances qui n'ont absolument aucune justification et qui constituent de véritables infractions à une loi faite pour tous):

 

PÉLÉCANIFORMES: FOU de Bassan.

CICONIIFORMES: Cigogne blanche, Cigogne noire; Aigrette garzette; Spatule blanche; Ibis falcinelle.

PHENICOPTÉRIFORMES: Flamant rose.

ANSÉRIFORMES Cygne sauvage, Cygne de Berwick, Cygne tuberculé; Tadorne de Belon, Bernache Gravant.

FALCONIFORMES: Aigle royal, Aigle de Bonelli, Aigle botté; Circaète jean‑le‑blanc; Balbuzard fluviatile; Pygargue à queue blanche; Vautour fauve, Vautour percnoptère; Gypaète barbu. GALLIFORMES: femelles de Grand Tétras (ou Coq de bruyère) et de Tétras‑lyre.

GRUIFORMES: Grue cendrée.

CHARADRIIFORMES: Avocette; Échasse blanche. LARIFORMES: Goélands marin, argenté, brun, cendré, d'Audouin; Mouettes rieuse, tridactyle, mélanocéphale, pygmée; Guifettes noire et moustac; Sternes pierregarin, naine, caugek, hanse, arctique, de Dougall, Caspienne (appelées aussi Hirondelles de mer).Petit Pingouin, Guillemot de Troïl, Macareux moine.

 

CUCULIFORMES: Coucou gris. Coucou,geai.

 STRIGIFORMES: Hiboux grand‑duc, moyen‑duc, petit‑duc, brachyote ou des marais; Chouettes hulotte, chevêche, chevêchette, de Tengmalm, effraie (ou effraye).

 CAPRIMULGIFORMES: Engoulevent d'Europe.

 APODIFORMES: Martinets noir, alpin et pâle. CORACIADIFORMES: Rollier, Guêpier, Huppe.

 PICIFORMES Pics noir, vert, cendré, épeiche, épeichette, man, à dos blanc ou leuconote, tridactyle; Torcol.

 PASSÉRIFORMES:

Hirurrdinidés: Hirondelles de cheminée, de fenêtre, de rivage, des rochers, rousseIine. Oriolidés: Loriot jaune.

Paridés: Mésanges charbonnière, bleue, noire, alpestre, Nonnette, des marais, Mésange rémiz. Mésange huppée.

Sittidés: Sittelle torchepot, Sittelle corse.

Certhiidés: Grimpereaux brachydactyle et familier, Tichodrome échelette.

Paradoxornithidés: Mésanges à longue queue et à moustache.

Clinclidés: Cincle d'Europe. Troglodytidés: Troglodyte d'Europe.

Turdidés: Rossignol, Gorge‑bleue, Rougesqueues à front blanc et titys (ou noir), Rouge‑gorge, Traquets tarier, pâtre, motteux, rieur, oreillard; Merle bleu, Merle de roche. Sylvidées Fauvettes à tête noire, grisette, des jardins, orphée, mélanocéphale, pitchou, passerinette, sarde; Hypolaïs ictérine et polyglotte; Rousserolles turdoïde, effarvatte, verderolle; Phragmite des Joncs; Locustelles tachetée et luscinioïde, Bouscarle de Cetti; CisticoIe des Joncs; Pouillots véloce, fitis, de Bonelli, siffleur.

Régulidés: Roitelet huppé, Roitelet triple bandeau.

Muscicapidés: Gobe‑mouches gris, noir, à collier.

Prunellidés: Accepteurs moucher et alpin.

Motacillidés: Bergeronnettes grise, printanière, des ruisseaux; Pipits des arbres, des prés (ou Farlouse), spioncelle, rousseline. Bombycillidés: Jaseur de Bohême.

Lariidés: Pies‑grièches grise, rousse, écorcheur à poitrine rose.

Plocéidés: Niverolle, Moineaux domestiqué, friquet, soulcie.

Fringillidés: Bec‑croisé des Sapins, Venturo alpin, Tarin des Aulnes, Serin cini, Chardon neret, Pinsons du Nord et des arbres, limou mélodieuse et à bec jaune, Verdier, Bouvreuil Gros‑bec, Bruants jaune, zizi, fou, proyer des Roseaux, Sizerin flammé.

II convient d'ajouter à cette liste des Passereau et autres Oiseaux indigènes ou de passage fréquent, les espèces migratrices qui ne nichent, pas chez nous (divers Pouillots, le Bruant lapon, etc.).

En pratique, tous les Passereaux sont protéger sauf les Alouettes, les Merles et Grives, sont considérés comme gibier ainsi que le Bruant ortolan; mais cet état de fait devrait être modifié, ce l'Ortolan est peu abondant et surtout « confondu » avec d'autres espèces qui sont, elles protégées. L'étourneau est également non protégé.

 

Les espèces qui ne sont pas protégées sont en fait considérées soit comme gibier (c'est à dire qu'il est permis de les tuer avec les armes pendant la période d'ouverture de  chasse), soit comme Oiseaux « malfaisants nuisibles », ces termes montrant à eux seuls  les progrès de la science sont encore ignorés, des milieux gouvernementaux. La liste des Oiseaux varie d'un département à l'autre, qui constitue, on s'en doute, une remarquable simplification, et qu'il n'y a aucune raison sérieuse continuer à les condamner ainsi. Les Rapaces en particulier, sont des éléments absolument normaux dans toute communauté d'êtres vivants, et leur suppression démontre l'ignorance de ceux (lui les pourchassent et de ceux qui approuvent de tels errements, I'on se trouve dans l'obligation de défendre un élevage contre les  incursions répétées de certains Oiseaux qui ont trouvé là une source permanente de nourriture; pie même est‑il normal que l'on opère une réduction très modérée des effectifs de Choucas, Corneilles noires, Pies et Étourneaux quand les dégâts de ces Oiseaux deviennent trop sensibles et due les différentes mesures de prévention ont échoué, mais il convient de faire preuve de mesure au cours de ce « contrôle », et les moyens choisis ne doivent pas avoir de répercussions graves sur les autres animaux. Mises :r part les quelques espèces que l'on vient de citer et auxquelles on peut ajouter le Pigeon ramier, qui lui aussi fait preuve dune grande vitalité et d'un grégarisme prononcé qui rend >es déprédations plus importantes, tous les autres Oiseaux encore rangés dans la liste des « malfaisants et nuisibles » devraient être intégralement protégés.

On ne comprend d'ailleurs pas pourquoi certains ne bénéficient pas de ce régime depuis longtemps: en effet, la Bondrée apivore, qui se nourrit d'Insectes, le Faucon hobereau, qui capture des petits Passereaux et des Insectes, et l'Epervier, également prédateur de Passereaux, doivent être regardés comme aussi indispensables aux paysages de notre pays que les Mésanges ou le Rouge‑gorge, leur action dans ce vaste complexe vivant étant aussi nécessaire que celle des animaux qu'ils exploitent d'une façon équilibrée, malgré les apparences.

Force est de reconnaître que l'Homme avec ion rationalisme outrancier et son orgueil démesuré croit pouvoir bouleverser des relations entre espèces qui pourtant sont remarquablement ajustées. Il n'existe pas de liste des Oiseaux‑gibier et de ceux que l'on est obligé de considérer comme tels faute de précision; c'est une situation infiniment regrettable, car un tel répertoire permettrait de délimiter avec précision les droits des chasseurs. Néanmoins, en laissant de côté les espèces protégées et les « malfaisantes », on obtient assez facilement la composition , de ce groupe, qui réunit: GIBIER PROPREMENT DIT.

 ANSÉRIFORMES: Oies cendrée, des moissons, rieuse, naine; Canards col‑vert, souchet, siffleur, pilet, chipeau; Nette rousse; Garrot à oeil d'or; Fuligules milouin, morillon, milouinan; Harelde de Miquelon; Harles biévre, huppé, piette; Sarcelles d'hiver et d'été.

GALLIFORMES: Tétras mâles (des deux espèces); Perdrix arise, rouge, bartavelle; Caille; Faisan;Lagopède.

GRUIFORViES: Râle aquatique, Porzanes (Marouettes ponctuée, poussin, de Baillon), Poule d'eau. Foulque noire; Outarde canepetière.

CHARADRUFORMES: Huîtrier‑pie; Pluviers doré, argenté; Gravelots (grand, petit, de Kent), Bécassines (des marais, sourde, double); Bécasse des bois; Courlis cendré et corlieu; Barges à queue noire et rousse; Bécasseaux variable, cocorli, minute, de Tenuninek, maubèche, sanderling, violet, falcinelle; Chevaliers guignette. gambette, arlequin, aboyeur, sylvain, cul‑blanc, combattant, stagnatile. oedicnème criard; Glaréole à collier.

COLUMBIFORMES: Pigeons ramier, colombin; Tourterelle des bois. y

PASSÉRIFORMES Alouettes, Grives, Merles (Merle noir, Merle à plastron, Grives musicienne, draine, litorne, mauvis), Bruant ortolan. Sont assimilables au gibier:

GAVIIFORMES: Plongeons; Grèbes huppé, castagneux, à cou noir.

PROCELLARIIFORMES: Fulmar; Puffins cendré et des Anglais, Pétrel‑tempête.

PELÉCANIFORMES: Cormoran huppé; Grand Cormoran.

CICONIIFORMES: Hérons cendré, pourpré, bihoreau; Butor étoilé, Blongios nain; Héron crabier, Héron garde‑boeufs~

CORACIADIFORMES Martin‑pêcheur.

Comme les Rapaces qualifiés de « malfaisants », tous les Oiseaux assimilés au gibier devraient faire partie des espèces protégées. Les Hérons, en effet, ainsi que les Grèbes, voient leur habitat s'amenuiser dangereusement, non pas tellement par suite de l'assèchement des marais que par leur « aménagement », qui se traduit la plupart du temps par la disparition de la végétation naturelle favorable à leur installation à l'époque de la reproduction. Quant aux Oiseaux de mer tels que les Pétrels, on comprend mal qu'ils soient ignorés des règlements;

 source Bibliothèque de Saint Quentin Aisne