manchot royal

   
   

Manchots

http://www.festival-oiseau.asso.fr/new/fr/html/laureats_film2005.htm

 

Lorsqu'on visite un zoo ou que l'on regarde des photographies, comment ne pas être intéressé par les Manchots ? C'est peut‑être qu'ils ressemblent à 1 homme par certains aspects, station debout et caractère curieux.

Limités à l'hémisphère Sud, mais non pas au Pôle Nord comme on le croit trop souvent, les Manchots comptent environ dix‑huit espèces décrites. En tête vient le Manchot Empereur (Aptenodytes forsteri) qui pèse une trentaine de kilos et atteint 1,20 m de haut. Les autres espèces sont plus petites, le benjamin étant le Petit Manchot bleu (Eudyptula minor) d'Australie et de Nouvelle‑Zélande.

 

 

Les fossiles, qu'on ne trouve aussi que dans l'hémisphère Sud, indiquent qu'il existait autrefois de plus grandes espèces. L'une d'entre elles. Pachydyptes ponderous, atteignait plus de 1,50 m. On ne connais pas les raisons de la disparition de ces grandes espèces. Leurs restes montrent une structure osseuse et une allure générale proches de celles des Manchots actuels. On ne sait encore rien des espèces qui les ont précédées.

 

 On peut seulement faire des hypothèses en se référant aux Pingouins de l'hémisphère Nord et aux Pétrels plongeurs de l'hémisphère Sud. Ces deux groupes se servent de leurs ailes comme de rames sous l'eau ; ce sont des membres atrophiés qui exigent des battements énergiques pour voler. Par temps calme la difficulté est grande.

 

Les Manchots, qui ne savent plus voler, et dont les ailes sont réduites à de petits battoirs musclés, se sont encore mieux adaptés à leur environnement. Grâce à leur corps en forme de torpille, ils peuvent s'enfoncer dans l'eau à près de 20 km/h, leur queue et leurs pattes leur servant de gouvernail. Très souvent ils, pratiquent la a brasse papillon », en nageant sous l'eau puis en venant respirer à la surface. Sur terre, les Manchots sont presque toujours debout, mais certaines espèces se mettent à plat ventre sur la neige et se propulsent à l'aide de leurs pattes et de leurs battoirs.

 

A la différence de la plupart des oiseaux, le plumage des Manchots recouvre tout le corps ; en outre, il est court et épais. C'est le Manchot Empereur qui a les plumes les plus longues (8 cm). Chez les petites espèces, le maximum est de 2 cm. Sous le plumage, la peau recèle une épaisse couche de graisse qui sert d'isolant, de réserve d'eau et de réserve de nourriture.

 

                 Les Manchots se nourrissent habituellement des animaux qu'ils capturent en surface, près du rivage. Les grosses espèces se repaissent de calmars, abondants dans l'Antarctique. Ils ne méprisent par pour autant le poisson. Les espèces plus septentrionales semblent manger de grandes quantités de petits poissons. On estime que les 4/5 de l'alimentation du Manchot du Cap (Spheniscus demersus) sont de cette nature. Un Manchot a besoin de 250 g de nourriture par jour, en moyenne, si bien que l'ensemble de la population des Manchots du Cap, estimée à 100 000individus, doit consommer plus de 9 000 tonnes de poisson par an. L'augmentation des pêches dans cette zone risque donc d'entraîner des conséquences graves pour cette espèce, en réduisant sa nourriture.

 

Euphausia superba, petit crustacé à allure de crevette, est si abondant par moments dans l'Antarctique qu'il colore en rouge la surface de la mer. C'est une nourriture de choix pour les oiseaux, dont les fientes sont alors teintées de rouge. Par suite de la destruction insensée des grandes baleines, ce crustacé s'est énormément développé, ce qui explique peut-être la colonisation de nouvelles zones par le Manchot à jugulaire (Pygoscelis antarctica).

Le krill est une sorte de petite crevette, crustacé de 6 à 7 cm de long pesant 2 g, au corps presque transparent et légèrement verdâtre car il se nourrit en filtrant le phytoplancton, pigmenté de points rouges et montrant deux grands yeux noirs. Il vit jusqu'à six ans.

Il en existe 85 espèces réparties dans le monde, vivant en essaims gigantesques dans les couches supérieures de l'océan, formant parfois des bancs de deux millions de tonnes s'étendant sur 450 km2.

Le krill est donc l'animal le plus abondant sur la planète, avec des estimations de quelque 650 millions de tonnes.

 

 

Le plus grand danger qui menace les colonies de Manchots est peut-être la présence de l'homme, qui s'aventure jusque dans les régions glacées de l'Antarctique. Avec l'avènement du tourisme, les plus grandes précautions devront être prises

Dans la zone subantarctique parsemée d'îles battues des vents, se trouvent plusieurs autres Manchots. Le plus grand est le Manchot royal (Aptenodytes patagonica), que l'on voit souvent dans les zoos. II est moitié moins lourd que son proche parent, le Manchot Empereur, bien qu'il mesure à peine 30 cm de moins.

Cette espèce niche à même le sol, dans la boue du rivage.

 

L'oeuf unique est couvé par les deux parents, qui le tiennent en équilibre sur le dessus de leurs pieds. L'incubation demande environ cinquante‑quatre jours, après quoi le père et la mère nourrissent le poussin, qui se développe rapidement au cours de l'automne boréal. Sous son épais duvet, il affronte les rigueurs du long hiver en restant au nid, vivant sur ses réserves de graisse et recevant parfois une becquée. C'est alors que meurent les plus faibles, tandis que les sujets résistants perdent la moitié de leur poids. Avec l'arrivée du printemps, les parents recommencent à les nourrir ; ils perdent leur duvet brun et s'émancipent.

 

 

 

 Le couple qui a perdu son oeuf ou son poussin pond de nouveau, mais pas les autres. Aussi le cycle est‑il souvent de deux naissances tous les trois ans, avec une ponte précoce à la première saison et une ponte tardive à la saison suivante.

Parmi les autres espèces subantarctiques il faut citer le Manchot Papou (P. papua) qui se divise en de nombreuses

sous‑espèces et le Manchot à jugulaire. Les premiers sont tranquilles, les seconds belliqueux.

Les deux espèces se rassemblent en colonies énormes et surpeuplées. et cohabitent au moment de la nidification. Les nids ne sont que des amas de caillasses. Cependant, les Manchots papous les plus septentrionaux s'offrent le luxe d'y ajouter de l'herbe (canche touffue). La. Quatre espèces de Manchots, tous du genre Spheniscus, remontent plus haut que toutes les autres espèces. Le Manchot de Magellan (S. magellanicus) habite les côtes et les îles désolées de la Terre de Feu et des Falkland. Plus au Nord, le Manchot de Humboldt (S. Homboldti) vit dans les eaux froides et riches en plancton du courant

de Humboldt. On le trouve à moins de cinq degrés de l'équateur. Au large du Sud‑Ouest de l'Afrique, de grandes colonies de Manchots du Cap prospèrent sur le courant froid de Benguela.

Le plus rare est le Manchot des Gakaoagis (S. mendiiculus), limité aux Galapagos ; un demi‑millier de couples habitent les îles Albemarle et Narborough, à moins d'un degré et demi de 1 équateur. Leur existence est tributaire des courants froids qui viennent d'Amérique du Sud et qui prolongent ceux qui permettent au Manchot de Humboldt de remonter si loin au Nord. Le Manchot des Gakaoagis recherche les crevasses et les grottes pour nicher, généralement très près de l'eau dans une baie abritée. Il pond normalement deux oeufs.

Les trois autres espèces nichent aussi dans des anfractuosités et pondent deux neufs. Il semble que l'incubation dure quatre semaines et que, pour le Manchot du Cap, les petits soient nourris jusqu'à trois mois.

 

 

 

Deux espèces de Manchots sont d'importants producteurs de guano, leurs excréments étant riches en azote et fournissant un excellent engrais. Sur les côtes du Pérou, des files entières ont été tellement exploitées que les nids de certains oiseaux, notamment le Manchot de Humboldt, ont été détruits. En Afrique du Sud, on récolte annuellement jusqu'à 6 000 tonnes de guano produit par le Manchot du Cap.

En remontant vers le Nord, on rencontre d'autres espèces, dont les six membres du genre Eudyptes. Tous ont une crête jaune caractéristique, dont la disposition permet l'identification.

Quatre de ces espèces ont une aire assez limitée : le Manchot de Schlegel (E. Schlegeli ne se trouve que sur file Macquarie ; le Manchot sauteur (E. sclateri) sur les files Antipodes, Bounty et Campbell ; le Manchot de Snares Island (E. robustus) est confiné dans l'archipel de ce nom, au Sud de la Nouvelle‑Zélande, tandis que le Manchot de Fiordland (E. Pachyrynchus) se cantonne sur les côtes découpées du Sud de South Island, en Nouvelle‑Zélande. Les deux autres espèces ont une aire beaucoup plus grande. Le Manchot Macaroni (E. chrysolophus) se trouve vers le Sud dans les régions subpolaires, tandis que E. Crestatus remonte jusqu'aux Falkland et à Tristan da Cunha.

 

Toutes ces races désertent leurs zones de reproduction jusqu'à cinq mois de l'année. Ils se rassemblent pour la nidification en foules énormes ; près de deux millions de Manchots de Schlegel se regroupent ainsi à cette époque sur file Macquarie, sans compter tous les jeunes non reproducteurs, ces oiseaux n'atteignant la maturité qu'entre cinq et sept ans. Les oeufs sont au nombre de deux, mais seul le second, qui est plus gros, est couvé. Les deux parents se relaient pour couver et l'éclosion a lieu au bout de trente‑cinq jours.

Parmi les espèces de climat chaud, on notera le Petit Manchot bleu qui nidifie jusqu'à Sydney, en Australie. Il fait son nid dans les terriers, les anfractuosités et même sous les cabines de plage, n'hésitant pas à pénétrer à deux kilomètres dans les terres pour trouver un endroit favorable, à pied bien entendu. L'homme, les chats, les furets lui ont fait du tort.

 Il pond deux ou trois neufs qui éclosent entre le trente‑troisième et le quarantième jour. Les parents se relaient pour la couvaison et la garde. A deux mois les oisillons vont à la mer.