le Pélican blanc marche en se dandinant. Il est plus à l'aise
sur l'eau, où il nage bien et longtemps. En l'air, il a un vol puissant et
caractéristique. Après un bref élan, pendant lequel il court sur l'eau en
battant des ailes à la façon des Cygnes, il prend son essor, puis s'élève en
décrivant d'élégantes spirales et plane lorsqu'il a atteint une certaine
altitude.
Ses habitudes sont très régulières. Les premières heures de
la matinée sont toujours consacrées à la pêche. En compagnie de ses
semblables, le Pélican explore les eaux peu profondes. Vers 10 h, rassasié,
il s'installe sur le rivage pour se reposer, digérer et lisser ses plumes.
Les Pélicans blancs n'ayant pas de narines externes, ils sont
obligés d'ouvrir le bec pour respirer. Quand ils le ferment, en revanche,
l'eau ne risque pas de pénétrer inopinément dans leurs poumons.
A midi, il retourne pêcher. Au coucher du soleil, il
regagne son gîte nocturne arbre, banc de sable ou îlot boisé où il se sent
en sécurité ‑ pour passer la nuit avec ses semblables.
Le Pélican blanc niche en colonies dans les roseaux. Ces
colonies sont en permanence souillées d'excréments et jonchées de déchets de
Poissons en putréfaction qui dégagent une puanteur insupportable.
Le nid, généralement placé sur le sol, se compose d'une
plate‑forme de roseaux, supportant une coupe plate faite de petites
branches, de plantes aquatiques et de brins d'herbe tassés.
La ponte compte habituellement I ou 2 neufs plus ou moins
allongés, dont la coquille, d'un blanc bleuâtre, est toujours recouverte
d'une couche calcaire. Les deux parents se partagent équitablement les soins
de l'incubation, qui dure une trentaine de jours. A l'éclosion, les petits,
nus et aveugles, ne mesurent que 8 cm; la poche de leur bec est déjà bien
visible, et leur aspect n'a rien de séduisant. A 10 jours, ils sont couverts
de duvet noir et commencent à ressembler à des Oiseaux. Ils nagent au bout
de 1 mois environ et volent à 3 mois. A partir de 2 mois et demi, ils se
groupent en crèches » et vont chercher eux‑mêmes, dans le bec des
adultes, les aliments que ceux‑ci leur apportent.
On rencontre dans le sud‑est de l'Europe et en Asie centrale
et méridionale un autre Pélican, le Pélican frisé (Pelecanus crispus). Assez
semblable au précédent, il est encore plus grand (son envergure peut
dépasser 3 m) et porte une touffe de plumes frisées sur la nuque; son
plumage blanc n'est jamais teinté de rose et sa poche est de couleur orange;
lorsqu'il vole, le dessous de ses ailes est entièrement blanc, alors qu'il
est en partie noir chez le Pélican blanc.
Les Pélicans blancs sont des Oiseaux grégaires. S'il arrive
parfois de les rencontrer en petites bandes de dix ou douze, ils vivent
généralement en troupes nom

. L'énorme bec, qui peut
atteindre 45 cm de longueur chez le mâle, est jaune avec la pointe rouge.
Autour des yeux et à la base du bec, la peau est dénudée et d'une teinte
jaunâtre. A l'époque de la reproduction, la nuque s'orne d'une courte huppe
rosée.
L'aire de nidification du Pélican
blanc est étendue, mais très discontinue. Elle comprend les rives des lacs
et des fleuves de l'Europe du sud‑est (delta du Danube, mer Noire et mer
Caspienne), de l'Asie du sud‑ouest (à l'est, jusqu'aux régions
septentrionales de l'Inde), et diverses régions d'Afrique, au sud de
l'équateur. En Europe et en Asie, c'est un migrateur qui hiverne en Grèce,
sur le golfe Persique, le long de la mer Rouge et dans tout le Continent
Noir. En Europe occidentale, c'est un Oiseau de passage irrégulier, très
rare partout. Au siècle dernier, on le voyait parfois apparaître en France,
mais il a complètement disparu depuis près de cent ans, pour la plus grande
joie des pêcheurs qui ne pouvaient admettre sa concurrence.
Ayant un squelette
fortement pneumatisé et de grosses poches d'air sous la peau, les Pélicans
ne peuvent pas plonger et flottent comme des bouchons à fa surface de l'eau.
Le Pélican blanc arrive
dans le sud est de l'Europe vers la fin d'avril ou au début de mai, et il en
repart en octobre. C'est un Oiseau grégaire qui se déplace généralement en
troupes nombreuses, comptant des centaines, voire des milliers d'individus,
mais il arrive parfois de rencontrer des petits groupes d'une dizaine
d'Oiseaux.
Comme tous les membres de
sa famille, le Pélican blanc ne manifeste pas de préférence pour les eaux
douces ou pour les eaux salées, mais il attache en revanche une grande
importance à leur profondeur, le long des rives où il se tient, et à
l'abondance des Poissons, car il lui en faut environ 2 kg par jour pour
satisfaire son robuste appétit, sans parler de celui de ses petits
lorsqu'ils sont éclos.
Si la poche du
Pélican blanc n'est pas un garde‑manger, comme on le croyait autrefois, on a
découvert qu'elle pouvait servir de régulateur thermique, sa grande surface
de peau dénudée favorisant l'évaporation; et la présence de grosses poches
d'air sous-cutanées empêchent le Pélican blanc de plonger. Il se contente
donc de flotter comme un bouchon à la surface des eaux peu profondes, où la
longueur de son cou et de son bec lui suffisent pour trouver sa nourriture.
Ses caractéristiques physiques et son caractère éminemment sociable lui ont
fait adopter une curieuse méthode de pêche collective. Rassemblés en bandes
nombreuses, les Oiseaux se disposent en arc de cercle, sur un ou deux rangs,
et convergent vers la rive en battant l'eau à grands coups d'aile, pour
rabattre les Poissons effarouchés vers les eaux basses. Lorsque les Poissons
sont rassemblés en grand nombre dans un espace réduit, les Pélicans les
capturent sans difficulté, en se servant de leur poche comme d'une
épuisette. Sur les plans d'eau étroits, les fleuves par exemple, les
Pélicans blancs se placent sur deux rangs, face à face, et pêchent en
nageant à
Malgré leur poids, les
Pélicans blancs sont des voiliers puissants et endurants. lis se déplacent
en bandes, quelquefois en V, plus souvent à la queue leu leu, et plus ou
moins haut selon que le vent est favorable ou pas.